RESUME
Antonia et Peppino, un couple de chiffonniers, vivent avec leurs cinq enfants dans un bidonville de la banlieue romaine. Ils sont liés par un rituel immuable à une riche vieille dame américaine qui, chaque année, vient passer quelques jours à Rome. Passionnée par le jeu, celle-ci invite Antonia et Peppino dans sa somptueuse villa pour y disputer d'interminables parties de "scopone scientifico", un jeu de cartes où ils excellent. Malgré l'adresse du couple à ce jeu complexe, la vieille dame l'emporte toujours car sa fortune lui permet de miser sans fin. Pourtant, Peppino et Antonia gardent l'espoir d'empocher un jour "l'argent de la vieille"….
FICHE TECHNIQUE
Réalisateur : Luigi COMENCINI.
Scénario : Rodolfo SONEGO.
Image : Giuseppe RUZZOLINI.(Couleur). Aspect Ratio: 1.85 : 1
Musique : Piero PICCIONI.
Montage : Nino BARAGLI.
Décors : Luigi SCACCIANOCE.
Costumes : Bruna PARMESAN.
Son : Bruno BRUNACCI, mixage Alberto BARTOLOMEI.
Maquillage : Goffredo ROCCHETTI, Franco RUFINI.
Coiffure : Maria Teresa CORRIDONI, Giancarlo De LEONARDIS.
Direction de la production : Piero LAZZARI.
Production : Fausto SARACENI (exécutif), Dino de LAURENTIIS Cinematografica, Intermaco.ITALIE, 1972.
Genre : Comédie satirique.
Durée : 113 mn.
Sortie : 25 Octobre 1972 (Italie), 30 novembre 1977 (France)
DISTRIBUTION
Alberto SORDI (Peppino)
Silvana MANGANO (Antonia)
Bette DAVIS (la milliardaire)
Joseph COTTEN (George)
Domenico MODUGNO (Righetto)
Mario CAROTENUTO (Armando Castellini, 'le professeur')
Antonella DEMAGGI (Cleopatra, la fille d'Antonia)
Daniele DUBLINO (Don Roberto, le curé)
Luciana LEHAR (Jolanda, la soeur de Peppino)
Franca SCAGNETTI (Pasqualina, la cuisinière)
Piero MORGIA (le souteneur de Jolanda)
Guido CERNIGLIA (le médecin)
Dalila di LAZZARO (l'infirmière)
Emilio CAPUCCIO (un balayeur)
Federico SOMMA (le majordome)
Piero BASTANTE (un Marocain),
Ennio ANTONELLI (Oncle Osvaldo)
Marco TULLI (le représentant des pompes funèbres)
Giselda CASTRINI (la collègue de Jolanda)
Giacomo De MICHELIS (un homme du peuple)
Luciano MARTANA, Aristide CAPORALE, Alfredo CAPRI, Goffredo PISTONI, Dante CECILIA, Riccardo PERUCCHETTI (des habitants du bidonville)
Attention chef d'oeuvre, Comencini à son sommet pour moi. Cette allégorie sur la lutte des classes sait divertir tout en étant très émouvante. Si nous prenons fait et cause pour ce couple très pauvre, à la tête d'une famille nombreuse, habitant dans un bidonville à la périphérie de Rome qui essaie chaque année depuis 8 ans de plumer aux cartes (Le scopone scientifico) une riche héritière américaine, nous savons qu'ils sont condamnés d'avance. Les riches auront toujours des ressources infinies contre lesquels les pauvres ne pourront jamais lutter. Ici la vieille américaine peut miser indéfiniment dans des quitte ou double jusqu'au moment où elle l'emportera forcément. Ce que nous dit Comencini est que la lutte dès le départ est pipée et qu'il faut peut-être employer des moyens extrêmes voire radicaux pour s'en sortir, ce que la fille handicapée du couple aura bien compris. L'interprétation est de tout premier ordre avec un énorme Alberto Sordi mais tous les autres petits rôles sont soignés, aucun personnage n'est sacrifié. C'est tout le bidonville qui encourage Peppino et Antonia et chaque habitant suit fébrilement chaque partie de cartes comme si leur propre sort en dépendait. La fin du film nous laisse désemparé et estomaqué par le constat amer que nous délivre Comencini. Il cerne au plus près chaque personnage, les parties de cartes en elles-mêmes ne l'intéressent pas vraiment, d'ailleurs à aucun moment les règles du jeu sont expliquées. Ce qui importe est la vérité des personnages et les enjeux dans leurs confrontations. Il aura fallu attendre 5 ans après sa sortie en Italie pour que le film soit distribué en France. C'est moins que les 7 ans de Casanova mais symptomatique du peu de considération au début des années 70 dont jouissait Luigi Comencini auprès des distributeurs français.
A noter dans le rôle fugace de l'infirmière les débuts de l'actrice Dalila di Lazzaro.
VIDEOS
Panorma critique (source Cinémathèque française)
http://www.cinematheque.fr/fr/dans-salles/hommages-retrospectives/revues-presse/comencini/argentvieille.html
AUTRES AFFICHES (Polonaise, italienne)
Ne peut-on pas dire que L’Argent de la vieille est un film plus politique que beaucoup de films qui parlent directement de politique ?
Selon moi, oui. C’est une allégorie sur le pouvoir, la différence de classes sociales, la lutte, la façon de conduire la lutte ou de ne pas la conduire pour le sous-prolétariat. Car c’est du sous-prolétariat qu’il s’agit, pas du prolétariat. Il y a une scène très révélatrice de la position d’Alberto Sordi : c’est après que la vieille ait subi une tentative de vol : il court à la villa en craignant qu’elle soit morte et que son espoir de devenir riche soit fini. Elle a une attitude très noble envers les deux pauvres types qui ont tenté le cambriolage avec une grande maladresse. Sordi se solidarise avec elle et dit que ce sont des ignorants qui ne savent pas ce qu’ils font. Il se place tout de suite du côté de la riche contre ses camarades du bidonville. Il croit être plus malin que les autres et pouvoir se tirer de la misère. Il vit de cette fausse sympathie que la vieille dame lui accorde.
L’enfant, qui est la nouvelle génération, est la seule qui soit assez terroriste pour tuer, et c’est ce qui est passionnant.
Terroriste, c’est peut-être trop fort, mais elle a un sens précis de la réalité, elle voit les choses comme elles sont, elle ne vit pas dans la même illusion que sa famille et tout le tissu social du bidonville dans lequel elle se trouve illusion qui les porte tous à la folie, comme à la fin. Il y a une scène quand
Sordi revient après sa tentative de suicide dans le bidonville, où tout le monde se bagarre, se dispute, car la folie du jeu a détruit toute solidarité entre eux.
La vieille aussi a le sens des réalités ?
Très précis. C’est une rencontre entre le grand capitalisme et le sous-prolétariat. Le servilisme est aussi un idéalisme. Elle s’amuse avec les sous-prolétaires comme le chat avec la souris.
Comment avez-vous utilisé la musique ?
Il y a deux thèmes. Il y a un motif populaire romain qui accompagne les états d'âmes de l’enfant et les moments de la vie dans le bidonville. Par rapport à la situation politique italienne il est intéressant que vous montriez que seuls les enfants ont une vision juste du combat à mener pour sortir de la misère. C’est une attitude personnelle que j’ai envers l’enfance.
Je me suis rendu compte que c’est une attitude constante que j’ai envers l’enfance et que l’on retrouve par exemple dans Pinocchio. L’enfant c’est le réel, le concret tandis que son père Gepetto c’est le rêve, l’illusion. Justement j’avais écrit dans les quelques lignes que l’on m’avait demandées pour la brochure de presse : si l’enfant exige de son père qu’il sorte du ventre de la baleine et affronte de nouveau la vie, c’est parce que les enfants représentent la volonté de vivre, la confiance en une réalité qui existe et que l’on peut modifier, la conscience que la lutte c’est la vie, et ne plus lutter c’est ne plus vivre. Je dois avouer que j’ai fait ce film parce que j’aimais la position de la petite fille.
Fiche Ufoleis
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Extrait en VO
AUTRES CRITIQUES
Le film est passionnant. Le spectateur est lui-même saisi par le jeu et il y participe, même s'il sent que la partie est truquée. Car, au-delà de la simple anecdote, on peut en faire différentes lectures. La plus évidente est une allégorie sur la lutte inégale et perdue d'avance, du sous-prolétariat et contre le capitalisme. On peut aussi y déceler une dénonciation de l'action de l'impérialisme américain face au tiers-monde. Ou encore comme Robert Benayoun, y voir le triomphe de la mort sur une humanité dérisoire. Quoiqu'il en soit, le film est une réussite qui intègre parfaitement des éléments de réflexion à une comédie souvent très drôle qui joue sur le contraste des situations, sur la vivacité du récit, sur l'interprétation remarquable. Nous sommes bien d'accord avec Jean Gili lorsqu'il écrit que c'est "une œuvre majeure, drôle, et grave à la fois, selon cette alchimie que seuls, quelques très grands cinéastes réussissent à maîtriser - populaire et distanciée [...], une oeuvre où "le jeu du pouvoir de l'argent", selon les termes de Ennio Flaiano finit par entraîner tout le monde dans une folie communicative et déshumanisation grandissante.
Le guide des films Jean Tulard - Claude Bouniq-Mercier
Vieille, laide, capricieuse, méchante, mais très riche, elle parcourt le monde à la recherche de miséreux à plumer au jeu pour remplir sa solitude... Un joyau de la comédie italienne des années 70, dans la perspective d'un néo-réalisme crépusculaire : très drôle, car très sombre. Tous les acteurs y sont éblouissants, y compris les petits rôles, les enfants ou les foules, servis par la mise en scène généreuse de Comencini, dans la veine de la Comedia dell' Arte. Étonnante composition de Bette Davis en milliardaire impavide, perpétuellement au bord de l'apoplexie, mais toujours ressuscitant : la fable s'avère une allégorie grinçante (car nuancée) de la lutte des classes, d'où les indigents ressortent encore plus pauvres et les riches tout aussi riches. A moins que la génération suivante ne décide de s"en mêler. Celle des quatre enfants qui tressent des couronnes mortuaires pendant que leurs parents jouent aux cartes...
Télérama - Philippe Schwartzenberg
Tiré par Rodolfo Sonego d'un fait divers dont il avait été lui-même le témoin, cette fable anti-capitaliste extrêmement virulente et adroite est une allégorie de la lutte des classes et de la puissance de l'argent. Elle a stimulé comme jamais le talent de Comencini. L'argent attire l'argent et il est dans sa logique d'éliminer à la longue aussi bien le hasard que l'adresse. La vieille femme immensément plus riche que ses adversaires, doit gagner. Il suffit pour cela qu'elle joue assez longtemps. Le côté abstrait et distancié de la fable est équilibré par un modèle de distribution: face à l'impitoyable Bette Davis, l'humain, le trop humain et fébrile Alberto Sordi lutte à sa manière contre les moulins à vent. Rarement dans un film divertissement et message social auront été liés d'une manière aussi indissociable et aussi brillante.
N.B. Le film sortit en France en 1977 avec cinq ans de retard grâce à l'attaché de presse Simon Mizrahi, directement responsable de la sortie d'un certain nombre de chefs-d'oeuvre du cinéma italien écartés par les distributeurs. Citons notamment du même Comencini A cavallo della tigre (A cheval sur le tigre, 1961, sortie en France : 1976; Casanova, 1969, sortie en France : 1976.
Lo scopone scientifico est un film de fiction, et la fiction est le point fort du cinéma de Comencini ; il ne crée pas la fiction, il l’impose : en cinq minutes, en quelques plans, il donne le cadre, le lieu, les personnages, I’enjeu (…).
Cahiers du cinéma - n°272 - Serge Toubiana
(…) Les règles sont en apparence les mêmes pour tous, qu'il s’agisse du "scopone scientifico" ou du comportement général des individus. En réalité il en va tout autrement. (…) Parce qu’on a inculqué [au prolétariat] des règles morales, ils sont tous victimes d’un code donné comme celui de l’honnêteté qui s’exprime dans l'observance de règles économiques (le jeu) ou sociales (l’affectivité) que la classe dominante impose pour gouverner, mais ne respecte pas. Ce que le prolétariat ne comprend pas, c'est que les règles apparentes ne sont pas les vraies, que tout est truqué.
Fiche Ufoleis - François Chevassu
Lo Scopone Scientifico est un grand film populaire, et pourtant je ne pense pas que Luigi Comencini ait été faire une enquête sur le terrain pour enregistrer la faconde des faubourgs (...) Ce qu’il fait entrer dans son film ce sont les éléments de spectacle liés organiquement à des traditions populaires toujours vivantes ; non pas le soi-disant vécu des masses, mais les modes de représentation, les conventions de jeu qui leur sont propres. Le cinéma reste de la sorte la méditation et la prolongation du théâtre comique populaire. (…)
Cahiers du Cinéma - Daniele Dubroux
(…) C’est aussi le jeu de la vitalité désespérée, de l’astuce et de la persévérance contre la Mort. Car cette vieille effrayante, qui, d’un pays à l’autre ne dépouille que les pauvres (elle écume tout spécialement le tiers monde) et qui frise l’infarctus à chaque fois qu’elle perd une lire, c’est un peu, imbattable, la Camarde rusée dont on sait qu’elle aime (voyez Le septième sceau) jouer avec les humains à «qui perd gagne».
Le Point - Robert Benayoun
La facilité de l’univers des riches manifeste leur pouvoir. C’est un monde transparent qui s’ouvre devant eux. (...) Point de frottement ni de labyrinthes : les grillages et les sentiers, les pentes et les allées indiquent la position centrale du siège du pouvoir d’où les ordres atteignent directement leur but, mais qu’on ne saurait aborder que par un mouvement circulaire et montant.(...)
Et puis les miséreux parlent tous en même temps, et leur criaillerie s’embarrasse dans la contradiction entre leurs aspirations et les adages chrétiens ou marxistes que leur suggère un curé ou un professeur, et qu’ils ne parviennent ni à rejeter ni à assimiler. (…) Cette opposition d’un espace vide avec un monde trouble est confirmée par la confusion qui plane sur la géographie du bidonville et de ses cabanes. (...) Par deux types différents de mouvements d’appareil, la forme cinématographique amplifie l’antithèse : à l’intérieur de la villa, ce sont des mouvements suivis, harmonieux, prévisibles, qui aboutissent logiquement à un objet qu’ils n’ont jamais eu besoin de chercher ; rien ne s’égare.
Attention au contraire de ne rien perdre de vue dans le bidonville ! On risquerait de ne plus le revoir. La caméra se déplacera donc d’une manière plus heurtée et plus brutale. Ici c’est un grouillement imprévisible. Partout des obstacles et des foules qui surgissent, entourant avec ténacité ce qu’on voulait voir.
Positif n°203 - Alain Masson
Cahiers du cinéma - n°272 - Serge Toubiana
(…) Les règles sont en apparence les mêmes pour tous, qu'il s’agisse du "scopone scientifico" ou du comportement général des individus. En réalité il en va tout autrement. (…) Parce qu’on a inculqué [au prolétariat] des règles morales, ils sont tous victimes d’un code donné comme celui de l’honnêteté qui s’exprime dans l'observance de règles économiques (le jeu) ou sociales (l’affectivité) que la classe dominante impose pour gouverner, mais ne respecte pas. Ce que le prolétariat ne comprend pas, c'est que les règles apparentes ne sont pas les vraies, que tout est truqué.
Fiche Ufoleis - François Chevassu
Lo Scopone Scientifico est un grand film populaire, et pourtant je ne pense pas que Luigi Comencini ait été faire une enquête sur le terrain pour enregistrer la faconde des faubourgs (...) Ce qu’il fait entrer dans son film ce sont les éléments de spectacle liés organiquement à des traditions populaires toujours vivantes ; non pas le soi-disant vécu des masses, mais les modes de représentation, les conventions de jeu qui leur sont propres. Le cinéma reste de la sorte la méditation et la prolongation du théâtre comique populaire. (…)
Cahiers du Cinéma - Daniele Dubroux
(…) C’est aussi le jeu de la vitalité désespérée, de l’astuce et de la persévérance contre la Mort. Car cette vieille effrayante, qui, d’un pays à l’autre ne dépouille que les pauvres (elle écume tout spécialement le tiers monde) et qui frise l’infarctus à chaque fois qu’elle perd une lire, c’est un peu, imbattable, la Camarde rusée dont on sait qu’elle aime (voyez Le septième sceau) jouer avec les humains à «qui perd gagne».
Le Point - Robert Benayoun
La facilité de l’univers des riches manifeste leur pouvoir. C’est un monde transparent qui s’ouvre devant eux. (...) Point de frottement ni de labyrinthes : les grillages et les sentiers, les pentes et les allées indiquent la position centrale du siège du pouvoir d’où les ordres atteignent directement leur but, mais qu’on ne saurait aborder que par un mouvement circulaire et montant.(...)
Et puis les miséreux parlent tous en même temps, et leur criaillerie s’embarrasse dans la contradiction entre leurs aspirations et les adages chrétiens ou marxistes que leur suggère un curé ou un professeur, et qu’ils ne parviennent ni à rejeter ni à assimiler. (…) Cette opposition d’un espace vide avec un monde trouble est confirmée par la confusion qui plane sur la géographie du bidonville et de ses cabanes. (...) Par deux types différents de mouvements d’appareil, la forme cinématographique amplifie l’antithèse : à l’intérieur de la villa, ce sont des mouvements suivis, harmonieux, prévisibles, qui aboutissent logiquement à un objet qu’ils n’ont jamais eu besoin de chercher ; rien ne s’égare.
Attention au contraire de ne rien perdre de vue dans le bidonville ! On risquerait de ne plus le revoir. La caméra se déplacera donc d’une manière plus heurtée et plus brutale. Ici c’est un grouillement imprévisible. Partout des obstacles et des foules qui surgissent, entourant avec ténacité ce qu’on voulait voir.
Positif n°203 - Alain Masson
Panorma critique (source Cinémathèque française)
http://www.cinematheque.fr/fr/dans-salles/hommages-retrospectives/revues-presse/comencini/argentvieille.html
AUTRES AFFICHES (Polonaise, italienne)
ENTRETIEN AVEC LUIGI COMENCINI
Ne peut-on pas dire que L’Argent de la vieille est un film plus politique que beaucoup de films qui parlent directement de politique ?
Selon moi, oui. C’est une allégorie sur le pouvoir, la différence de classes sociales, la lutte, la façon de conduire la lutte ou de ne pas la conduire pour le sous-prolétariat. Car c’est du sous-prolétariat qu’il s’agit, pas du prolétariat. Il y a une scène très révélatrice de la position d’Alberto Sordi : c’est après que la vieille ait subi une tentative de vol : il court à la villa en craignant qu’elle soit morte et que son espoir de devenir riche soit fini. Elle a une attitude très noble envers les deux pauvres types qui ont tenté le cambriolage avec une grande maladresse. Sordi se solidarise avec elle et dit que ce sont des ignorants qui ne savent pas ce qu’ils font. Il se place tout de suite du côté de la riche contre ses camarades du bidonville. Il croit être plus malin que les autres et pouvoir se tirer de la misère. Il vit de cette fausse sympathie que la vieille dame lui accorde.
L’enfant, qui est la nouvelle génération, est la seule qui soit assez terroriste pour tuer, et c’est ce qui est passionnant.
Terroriste, c’est peut-être trop fort, mais elle a un sens précis de la réalité, elle voit les choses comme elles sont, elle ne vit pas dans la même illusion que sa famille et tout le tissu social du bidonville dans lequel elle se trouve illusion qui les porte tous à la folie, comme à la fin. Il y a une scène quand
Sordi revient après sa tentative de suicide dans le bidonville, où tout le monde se bagarre, se dispute, car la folie du jeu a détruit toute solidarité entre eux.
La vieille aussi a le sens des réalités ?
Très précis. C’est une rencontre entre le grand capitalisme et le sous-prolétariat. Le servilisme est aussi un idéalisme. Elle s’amuse avec les sous-prolétaires comme le chat avec la souris.
Comment avez-vous utilisé la musique ?
Il y a deux thèmes. Il y a un motif populaire romain qui accompagne les états d'âmes de l’enfant et les moments de la vie dans le bidonville. Par rapport à la situation politique italienne il est intéressant que vous montriez que seuls les enfants ont une vision juste du combat à mener pour sortir de la misère. C’est une attitude personnelle que j’ai envers l’enfance.
Je me suis rendu compte que c’est une attitude constante que j’ai envers l’enfance et que l’on retrouve par exemple dans Pinocchio. L’enfant c’est le réel, le concret tandis que son père Gepetto c’est le rêve, l’illusion. Justement j’avais écrit dans les quelques lignes que l’on m’avait demandées pour la brochure de presse : si l’enfant exige de son père qu’il sorte du ventre de la baleine et affronte de nouveau la vie, c’est parce que les enfants représentent la volonté de vivre, la confiance en une réalité qui existe et que l’on peut modifier, la conscience que la lutte c’est la vie, et ne plus lutter c’est ne plus vivre. Je dois avouer que j’ai fait ce film parce que j’aimais la position de la petite fille.
Fiche Ufoleis
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